En finir définitivement avec la polémique sur le commerce (et autres pistes de réflexions).

« C’est la mort du commerce ! » Voici en substance ce que l’on peut entendre et même lire, à chaque fois qu’il est question de la déviation de Saint Denis sur Sarthon. La presse en fait ses choux gras et vu de l’extérieur, on pourrait croire que c’est le seul argument valable dans la prise de décision concernant la déviation.

Qu’en est-il réellement de cette croyance ? Car oui , ce n’est en fait pas d’un argument qu’il s’agit ici mais bien d’une croyance, voire d’un dogme tellement cela semble inéluctable dans l’esprit de certains.

On pourrait tergiverser pendant des heures en arguant que pour tel commerce, le salon de coiffure par exemple, ça ne changerait probablement pas grand-chose. Que pour la station service, par contre, ce ne serait pas bon, oui, mais une déviation, ça rend le village plus attractif pour les activités touristique ou que ce serait favorable aux transactions immobilières…

Débat stérile, ce ne sont là que des conjectures qui ne feront changer d’avis à personne.

Qu’un commerçant veuille défendre son commerce, c’est normal et tout à fait légitime. Mais est-il pour autant plus légitime qu’un riverain de la N12 qui veut assurer sa sécurité et améliorer son cadre de vie ?

Et puis qui croire, la presse ? Son but c’est de vendre du papier, pas de diffuser une vérité pure, son jugement est biaisé. Les élus ? Ils ne veulent pas se mettre qui que ce soit à dos, et c’est normal : Biaisés . Moi-même ? Je suis favorable à la déviation, biaisé. Les commerçant ? Ils pensent à leur commerce : Biaisés. Les habitants, ils ont lu la presse, argument d’autorité : « si c’est écrit, c’est que c’est vrai ! »: Biaisés.

Bref, nous sommes tous biaisés. Ce qu’il nous faudrait ici, c’est une ou plusieurs preuves tangibles, chiffrées si possible, qui infirmeraient ou confirmeraient la croyance que la déviation c’est mauvais pour le commerce.

J’ai donc pensé à comparer Saint-Denis à d’autres villages du bassin de vie d’Alençon, qui auraient trois caractéristiques communes, à savoir une taille équivalente, une distance depuis Alençon approximativement similaire à Saint-Denis et qui feraient aussi partie de la troisième couronne d’Alençon, mais qui, par contre, ne seraient pas traversés par un axe routier important. Sachant que Saint-Denis est à environ 10 km d’Alençon et a actuellement 1128 habitants et me semble t-il 8 commerces, voici ce que j’ai rapidement trouvé (je n’ai pas trouvé de contre-exemple valable) (source Wikipédia) :

• La Fresnaye sur Chédouet : 14 km d’Alençon, 920 habitants, 6 commerces.
• Sougé le Ganelon : 17 km d’Alençon, 865 habitants, 8 commerces .
• Radon : 9 km d’Alençon, 1037 habitants, 9 commerces.

Là, statistiquement, moi, je pense qu’ il n’y a plus aucune raison de penser rationnellement que le trafic de la N12 favorise le commerce à Saint-Denis, Radon ferait même plutôt mieux. J’émets donc ici une théorie argumentée mais je n’en fait cependant pas un dogme, car si quelqu’un me présente des preuves qui infirment ma théorie et que je juge ces preuves valables, je suis prêt à adapter mon niveau de croyance sur le sujet.

On pourrait faire de même avec tous les autres sujets qui concernent la déviation : la sécurité, le cadre de vie, l’impact agricole, l’impact écologique… Hiérarchiser chacun de ces sujets : Qu’est- ce vous semble le plus important ? Le commerce en général ? Chaque commerce en particulier ? Le cadre de vie ? La sécurité ? …

C’est la compilation de tous ces résultats qui peut nous permettre d’avoir un avis suffisamment éclairé sur cette question aux enjeux très importants pour la population, mais aussi pour tous les usagers de la N12. J’ai moi-même fait cette synthèse et ai ainsi pu me forger une opinion sur des bases que je juge suffisamment solides. J’invite toutes celles et ceux qui sont concernés par le sujet à en faire autant.

Ne nous laissons pas berner par les dogmes et les arguments d’autorité. Ni les élus, ni les commerçants, ni les agents de la DREAL, ne sont d’avantage des experts qualifiés en conséquences d’une déviation sur le commerce en milieu rural que moi, ou que vous.

Bien à vous,

Un habitant de la douze.